Conseil de Toulouse Métropole du 6 avril : la démocratie selon Moudenc

Jean-Luc Moudenc pressait les conseillers de voter la délibération en les assurant que la désignation du délégataire permettrait la poursuite des discussions sans tabou. Il parlait alors de la création d'un "comité de suivi citoyen", se montrait favorable à l'amélioration des conditions d'approvisionnement en biomasse forestière et appuyait sur l'importance de revoir les conditions de filtrage des particules fines et plus particulièrement des particules ultra-fines... un sujet qu'il maîtrise depuis qu'il a été nommé coordinateur du groupe de travail sur la mise en place des zones à faibles émissions par le gouvernement et qu'il enchaîne les interviews pour déplorer les 48000 décés annuels imputables à la pollution de l'air.

Le 6 avril, on apprend que le contrat doit être construit sur l'offre du délégataire = la discussion s'arrête là il n'y a plus aucune marge de manoeuvre maintenant que le prestataire est désigné... Pierre Trautmann prend sur lui d'avoir commis une erreur*. Il n'y a qu'à faire marche arrière et hop tout va bien, d'autant que Maurice n'est pas là pour défendre son amendement. Encore une erreur sur le traitement de l'amendement porté par Maxime Le Texier qui a été distribué aux conseillers entre midi et deux. Du coup, aucun soutien et pas de débat, seulement l'avis tranché de Jean-Luc Moudenc. Pas un mot sur la pollution de l'air, ni l'exposition des riverains, ni sur les discussions sans tabou qu'on nous promettait à venir...
* En vrai, il dit très clairement le 16/02 qu'il ne peut s'engager sur cette partie sans parler avec le prestataire, c'est Moudenc qui est prêt à dire n'importe quoi pour ne pas accéder à la demande de repousser le vote... et qui le fait.

Pour étayer ses propos, Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole, relève l'exemple, évoqué par Maxime LE Texier, de la Jonction Est, un épisode pourtant bien peu glorieux où Toulouse Métropole décide de s'asseoir sur la consultation qu'elle a elle-même organisée. L'inversion des rôles, des responsabilités et des devoirs des élus et des citoyens est absolument confondante. Jean-Luc Moudenc qui a peiné à mobiliser 23% de l'électorat toulousain* pour se faire élire (malgré des budgets de campagne, des promesses de campagnes et des pelletés de petits fours) reproche aux citoyens qui contestent les projets de la métropole de ne pas rassembler suffisamment de monde pour mériter qu'on s'intéresse à leurs arguments... Bref, rien sur le fond, tout se passe dans la posture.

Pour Moudenc la démocratie ce sont les six secondes que vous passez tous les six ans dans l'isoloir. Passée l'éléction, les 55% d'abstentionnistes deviennent ses soutiens de fait. À chaque fois que vous ne dîtes rien vous votez Moudenc. Si vous tentez d'exprimer un désaccord, c'est que vous n'avez rien compris à la démocratie qui vous commande de patienter jusqu'à la prochaine élection, et en conséquence, vous n'avez rien à attendre en retour de votre engagement. Et bien entendu, si vous tentez d'autres voies pour faire entendre votre point de vue, vous serez d'affreux extrémistes gnagnagna etc. (Voir le liminaire de Sacha Briand au début du Conseil pour vous faire une meilleure idée).

* 23% de l'électorat, c'est environ 10% de la population toulousaine

Et là-dessus, Toulouse Métropole sort son plan rafraîchir la ville, Toulouse + Fraîche. On vous laisse découvrir les mesures homéopatiques improvisées par la métropole (c'est mieux que rien ceci dit) et on vous rappelle quelques décisions marquantes prises par la même métropole depuis l'été dernier :

• Abattage de 2087 arbres en prévision de la ligne de métro qui engloutit les budgets mobilité pour des années et permettrait d'économiser un premier gramme d'émission de CO2 en 2150 ou quelque chose comme ça...
• Vente du dernier îlot de fraîcheur des pradettes pour la construction d'une résidence Sénior jugée préférable au projet de ferme urbaine portée par l'association NATURES Pradettes,
• Maintien de projets d'artificialisation des terres absurdes et excessifs comme le Bocage Habité + celui à venir aux 3 Cocus et tant d'autres...
• Validation de la création d'un réseau de chaleur et de froid pour la ZAC Matabiau, acceptant de livrer du chaud à des passoires thermiques même au-delà de la ZAC Matabiau, en revanche le froid c'est pour les riches : la Tour Occitanie serait la seule passoire thermique autorisée à se raccorder...
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Cerise sur le pompom, les articles de presse qui relaient doctement ce plan désopilant parlent de l'ouverture, cet été, d'une consultation pour recueillir VOS idées pour rafraîchir la ville... Soit c'est un aveu d'incompétence et il y a de quoi paniquer ; soit c'est la révélation cynique que les consultations ont pour unique but de nous occuper et de nous épuiser et il y a de quoi paniquer... Et si c'était les deux ?