Il n'y a pas d'énergie propre. Toutes les solutions énergétiques sont sources de nuisances et de pollutions. L'enjeu de la transition énergétique et écologique consiste d'abord à réduire les consommations puis à trouver des moyens de production les plus "propres" et les mieux adaptés à chaque contexte.
L'énergie bois, considérée comme une énergie renouvelable sur la base de calculs contestables, est repérée comme l'énergie qui contribue le plus à la pollution de l'air en comparaison de tous les autres carburants, charbon et fioul compris !
Une solution qui est un problème, ça reste un problème !
Vous trouvez ça miraculeux de pouvoir brûler du carbone sans émettre de CO2 ? Vous trouvez fascinant qu'on puisse s'affranchir des énergies fossiles grâce à un combustible qui nécessite pour son exploitation, pour son transport et même pour sa combustion du pétrole et du gaz ? Vous trouverez ci-dessous quelques liens utiles pour vous faire une idée plus précise de la réalité du miracle.
Les énergies renouvelables (EnR) sont des sources d'énergie dont le renouvellement naturel est assez rapide pour qu'elles puissent être considérées comme inépuisables à l'échelle du temps humain. Le fait qu'une énergie soit renouvelable ne signifie pas qu'elle n'est pas polluante.
Le bois est considéré comme une énergie renouvelable à la condition d'être issu de forêts dites "gérées durablement"... et tant que les quantités brûlées n’excèdent pas les quantités produites...
À ce propos, un article à lire sur Reporterre : Non, le bois n'est pas une énergie miracle "[...] Pour qu’il soit durable, il faut qu’il ait été bien préparé en amont. Car une vision simpliste du bois-énergie conduit à des désastres économiques et environnementaux [...]"
C'est par une convention de calcul obscure que le bois énergie est considéré comme neutre en carbone. En réalité, la combustion du bois émet autant de CO2 que la combustion du charbon et plus que celle du gaz du fait d'un pouvoir calorifique moindre... mais on ne le compte pas ! Ce calcul se base sur l'idée que le CO2 libéré a été capturé récemment et qu'il sera à nouveau capturé rapidement par la repousse des arbres (contrairement au pétrole qui lui ne repousse pas à l'échelle d'une vie humaine !)... le calcul ne tient pas compte de l'équilibre entre ce qui est brûlé et ce qui pousse, ni du rôle de puits de carbones des forêts. (Voir l'article de Philippe Leturcq : La neutralité carbone du bois énergie : un concept trompeur ?)
Les méthodes de calcul qui mènent à considérer que le bilan carbone de la biomasse serait nul sont largement critiquées et de nombreux acteurs oeuvrent pour que la biomasse forestière ne soit plus considérée comme neutre en carbone, ni renouvelable.
• Une lettre envoyée à l'Union Européenne par des chercheurs du GIEC et publiée dans la revue Nature alerte sur le fait que la filière bois énergie pourrait être responsable d'un accroissement de 10% des gaz à effet de serre dans les 10 prochaines années. (Lire la lettre en anglais ici, un résumé des débats en français ici)
• À lire également, cet article paru dans le Monde en juin 2021 : Le bois, une source d’énergie pas si verte "Alors que l’Union européenne doit réviser sa directive sur les énergies renouvelables, scientifiques et ONG dénoncent les effets pervers du recours à la biomasse, qui aggrave le dérèglement climatique."
• Et encore un article "Brûler des granulés de bois n'a rien d'écologique", Jake Dean, février 2022 "On pense à tort que la biomasse issue du bois est neutre en carbone. C'est une véritable supercherie, pourtant de plus en plus subventionnée par les États."
Oui, le bois est le carburant le plus polluant ! Sa combustion produit notamment des particules fines cancérigènes, dangereuses pour les voies respiratoires, le système cardio vasculaire et le développement du foetus. En 2021, un collectif d'une cinquantaine de médecins strasbourgeois publie une tribune pour réclamer la limitation de l'utilisation du bois, en particulier dans les territoires pollués, ainsi que la mise en place de valeurs limites plus strictes pour les polluants les plus toxiques. Cette tribune se base sur des études réalisées à Strasbourg où le développement des centrales biomasse a été fortement encouragé par les pouvoirs publics et explique clairement les problèmes liés au développement des centrales à bois.
En conclusion de cette tribune, on peut lire "Encourager le développement du chauffage au bois et des centrales biomasses, qui fonctionnent en grande partie au bois, est donc dangereux pour la santé de nos concitoyens et incompatible avec les politiques publiques d’amélioration de la qualité de l’air, notamment dans les treize villes et territoires qui outrepassent les normes européennes, comme Strasbourg."
L'un des auteurs, Thomas Bourdrel, cardiologue à Strasbourg craint que, ce faisant, "Après le diesel, la France s’engage sur la voie d’un nouveau scandale sanitaire".
À lire sur le site de France 3 : Strasbourg : "Le chauffage au bois plus dangereux que le diesel", des médecins alertent sur les centrales biomasses
Depuis 400 000 ans... non sérieusement, il y a bien des innovations là-dedans :
La question centrale est de savoir si c'est durable dans les conditions de développement actuelles liées aux incitations massives à se ruer sur cette solution. Les yeux rivés sur le compteur d'émission de CO2 et de part d'énergie renouvelable, l'État et les collectivités semblent perdre de vue tous les autres indicateurs : l'impact sur la santé des riverains mais aussi la pérennité des gisements.
Parmi les associations qui alertent sur la dégradation des forêts sous les effets combinés du changement climatique et de leur industrialisation, SOS Forêt Dordogne a tenté un exercice qui consiste à convertir les tonnes de "biomasse" nécessaires à l'alimentation des chaufferies en surface à exploiter. Un calcul qui pousse à se questionner sur la pérennité des gisements de biomasse à long terme. Une question cruciale quand on sait que ces installations coûteuses ont une durée d'amortissement moyenne de 30 ans et qui donne envie de se livrer à un autre calcul : sachant qu'il est déjà observé que les arbres poussent deux fois moins vite qu'il y a 20 ans, que 62000 hectares de forêts sont partis en fumée cet été, que le réchauffement climatique et la multiplication des plantations monoculturales de résineux accentuent le risque d'incendie, que brûlera-t-on dans ces installations d'ici 10 à 15 ans ??
La biomasse a besoin des énergies fossiles à toutes les étapes : pour exploiter la forêt, pour acheminer les plaquettes... et enfin pour brûler le tout. La biomasse est un combustible peu performant qui ne permet pas de monter en charge rapide et nécessite un dispositif au gaz "en renfort et complément"...
À Strasbourg, métropole au bord de l'asphyxie, le collectif Strasbourg Respire dénonce l'utilisation du terme "énergies renouvelables" pour duper média et citoyens quand l'abus de ces énergies conduit en réalité à une majoration des risques sanitaires et environnementaux.
Une recommandation de l'ANSES (L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) publiée en 2018 pour la mise en place et le renforcement du suivi de polluants non pris en compte ou insuffisamment pris en compte
Une publication qui vient de paraître dans the Lancet Planetary Health rappelle qu'en dehors du changement climatique, la pollution a des effets nuisibles bien plus directs : environ 86% des personnes vivant en agglomération respireraient un air néfaste pour leur santé, c’est-à-dire un tiers des habitants de notre planète !
La publication originale (en anglais) : Global urban temporal trends in fine particulate matter (PM2·5) and attributable health burdens: estimates from global datasets (évoquée dans cet article en français mais sur abonnement : Air pollué en ville : 2,5 milliards d'habitants exposés aux particules fines)
Dans le communiqué de presse "Des mesures qui payent pour lutter contre la pollution atmosphérique" publié le 13 janvier 2022, l'étude MobilAir est présentée comme la première étude en France qui démontre "que les bénéfices sociétaux associés à des mesures d’amélioration de la qualité de l’air sont supérieurs au coût de ces mêmes mesures. Les décideurs disposent ainsi de pistes scientifiquement validées pour améliorer significativement la santé à l’échelle de l’agglomération"... C'est dire le coût que représente la pollution de l'air et tout l'intérêt qu'il y a à y remédier... et à ne pas l'aggraver !
Canopée est une nouvelle organisation fondée en 2018 qui émerge du besoin critique de construire un contre-pouvoir citoyen pour mieux protéger les forêts en France et dans le monde. On lui doit entre autres le bilan caché du plan de relance en forêt paru au mois de mars 2022 et, plus récemment l'organisation d'un séminaire sur les forêts à destination des parlementaires.
L’association SOS Forêt Dordogne réunit des citoyens, des propriétaires forestiers, des acteurs de la filière bois, des amoureux de la nature soucieux de préserver la forêt et qui veulent, grâce à la mise en commun de toutes les bonnes volontés, décider du destin de cette richesse locale qu’est la forêt périgordine.
Pour une consultation citoyenne. Pour une approche forestière respectueuse de la nature. Pour une forêt Pyrénéenne préservée. Pour la sauvegarde d’emplois forestiers locaux. Pour la sauvegarde des scieries locales. Pour la valorisation du bois Pyrénéen. Pour le rôle de puits carbone des forêts. Pour préserver le tourisme, poumon économique des Pyrénées. Pour orienter l’argent public vers des projets locaux, novateurs et éthiques.
Un lieu de coopération, de débat et de construction pour une diversité d'acteurs en vue de penser la forêt autrement qu’un hypermarché du bois devant s’adapter à une filière industrielle.
Il ne s'agit pas d'être pour ou contre la biomasse mais de prendre le temps de réfléchir aux ressources disponibles, à la bonne façon de les utiliser et donc à leur préservation... pour changer.
La biomasse issue des territoires ruraux peut être brûlée, méthanisée ou plus simplement abandonnée à la décomposition qui en plus de régénérer les sols renforce leur capacité à stocker le carbone.
Il est normal de se demander s'il est juste et censé que les métropoles s'approprient cette ressource pour la brûler (le pire des usages avec son cortège de nuisance incompatible avec la densification du tissu urbain) alors qu'elles pourraient valoriser d'autres ressources pour satisfaire ses besoins.
Les métropoles disposent de leur propres ressources pour alimenter des réseaux de chaleur comme en témoignent les réseaux existants :
D'après la présentation du contexte dans l'appel d'offre les différentes pistes explorées ont été écartées pour "plusieurs raisons techniques, économiques et contractuelles". Côté chaleur fatale, la recherche semble s'être limitée à la valorisation des eaux usées.
Il ne nous appartient pas en tant que simple citoyens d'explorer la multitude d'"innovations" en matière de solutions de production principale, d'appoint ou de stockage (quoique si ça vous intéresse, vous trouverez quantité d'informations sur le site dédié au pôle chaleur du CEREMA entre autres)... En revanche, une métropole qui se vante de vouloir mener une transition énergétique pour la croissance verte et se veut innovante et durable, devrait disposer d'une équipe conséquente, dotée de moyens et qualifiée pour être en mesure de les étudier sérieusement... et de proposer, in fine, quelque chose de plus ambitieux qu'un feu de bois !
De fait, la solution biomasse est la plus facile à mettre en oeuvre (la combustion on connait !) et semble-t-il la plus encouragée par l'ADEME actuellement. Restent deux paramètres capables de la rendre au moins aussi complexe que la recherche de solutions pertinentes pensées pour un contexte particulier et limitant vraiment les émissions de CO2 et les émissions polluantes pour des villes déjà irrespirables :
À Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole qui s'étonne :
"Alors que, à Toulouse comme dans les autres grandes villes, les citoyens demandent aux élus d'accélérer la transition écologique et énergétique face au réchauffement climatique, il serait pour le moins contradictoire qu'un groupe de citoyen veule (sic) contrer la démarche que porte la collectivité pour traduire concrètement ces préoccupations et objectifs à travers ce projet".
Rappelons que :
17 octobre 2022 / durée : 4 min
21 septembre 2022 / durée : 3h54min
8 Novembre 2021
Le collectif de riverains à l'origine de ce site rassemble des associations et habitants des quartiers 3.1 et 3.3 soutenus par le comité de quartier Minimes - Barrière de Paris, le tout nouveau comité de quartier Borderouge - Izards / 3 cocus et le comité de quartier Agir pour Croix Daurade.