Skip to main content
Les raisons de s'inquiéter

Chaufferie biomasse, une solution écologique adaptée à Toulouse ?

Il n'y a pas d'énergie propre. Toutes les solutions énergétiques sont sources de nuisances et de pollutions. L'enjeu de la transition écologique consiste d'abord à réduire les consommations puis à trouver des moyens de production les plus "propres" et les mieux adaptés à chaque contexte.

L'énergie bois, considérée comme une énergie renouvelable sur la base de calculs contestables, est repérée comme l'énergie qui contribue le plus à la pollution de l'air en comparaison de tous les autres carburants, charbon et fioul compris ! A-t-elle sa place en ZFE ?

Une solution qui est un problème, ça reste un problème !

Les questions à se poser

La biomasse est-elle une énergie miracle ?

Vous trouvez ça miraculeux de pouvoir brûler du carbone sans émettre de CO2 ? Vous trouvez fascinant qu'on puisse s'affranchir des énergies fossiles grâce à un combustible qui nécessite pour son exploitation, pour son transport et même pour sa combustion du pétrole et du gaz ? Vous trouverez ci-dessous quelques liens utiles pour vous faire une idée plus précise de la réalité du miracle.

Le bois est-il une énergie renouvelable ?

Les énergies renouvelables (EnR) sont des sources d'énergie dont le renouvellement naturel est assez rapide pour qu'elles puissent être considérées comme inépuisables à l'échelle du temps humain. Le fait qu'une énergie soit renouvelable ne signifie pas qu'elle n'est pas polluante.
Le bois est considéré comme une énergie renouvelable à la condition d'être issu de forêts dites "gérées durablement"... et tant que les quantités brûlées n’excèdent pas les quantités produites...
À ce propos, un article à lire sur Reporterre : Non, le bois n'est pas une énergie miracle "[...] Pour qu’il soit durable, il faut qu’il ait été bien préparé en amont. Car une vision simpliste du bois-énergie conduit à des désastres économiques et environnementaux [...]" On retrouve le même constat dans l'avis Bois Énergie de l'ADEME qui alerte sur l'importance des conditions d'exploitation.

Le bois-énergie est-il neutre en carbone ?

C'est par une convention de calcul obscure que le bois énergie est considéré comme neutre en carbone. En réalité, la combustion du bois émet autant de CO2 que la combustion du charbon et plus que celle du gaz du fait d'un pouvoir calorifique moindre... mais on ne le compte pas ! Ce calcul se base sur l'idée que le CO2 libéré a été capturé récemment et qu'il sera à nouveau capturé rapidement par la repousse des arbres (contrairement au pétrole qui lui ne repousse pas à l'échelle d'une vie humaine !)... le calcul ne tient pas compte de l'équilibre entre ce qui est brûlé et ce qui pousse, ni du rôle de puits de carbones des forêts. (Voir l'article de Philippe Leturcq : La neutralité carbone du bois énergie : un concept trompeur ?)
Les méthodes de calcul qui mènent à considérer que le bilan carbone de la biomasse serait nul sont largement critiquées et de nombreux acteurs oeuvrent pour que la biomasse forestière ne soit plus considérée comme neutre en carbone, ni renouvelable.
• Une lettre envoyée à l'Union Européenne par des chercheurs du GIEC et publiée dans la revue Nature alerte sur le fait que la filière bois énergie pourrait être responsable d'un accroissement de 10% des gaz à effet de serre dans les 10 prochaines années. (Lire la lettre en anglais ici, un résumé des débats en français ici)
• À lire également, cet article paru dans le Monde en juin 2021 : Le bois, une source d’énergie pas si verte "Alors que l’Union européenne doit réviser sa directive sur les énergies renouvelables, scientifiques et ONG dénoncent les effets pervers du recours à la biomasse, qui aggrave le dérèglement climatique."
• Et encore un article "Brûler des granulés de bois n'a rien d'écologique", Jake Dean, février 2022 "On pense à tort que la biomasse issue du bois est neutre en carbone. C'est une véritable supercherie, pourtant de plus en plus subventionnée par les États."
• En février 2024, on attend encore la publication de la révision de la stratégie nationale bas carbone SNBC de la France réalisée en 2023. Ce guide qui vise à atteindre la neutralité carbone en 2050 se heurte à un problème : l'équilibre entre le maintien des puits de carbone et la combustion de la biomasse. D'après les modèles, ça boucle en 2030 mais pas en 2050... Le coup d'accélérateur mis sur le développement de projets de géothermie en 2023 n'est sûrement pas étranger à ce constat.

La combustion du bois contribue-t-elle à la pollution de l'air ?

Oui, le bois est le carburant le plus polluant ! Sa combustion produit notamment des particules fines cancérigènes, dangereuses pour les voies respiratoires, le système cardio vasculaire et le développement du foetus. En 2021, un collectif d'une cinquantaine de médecins strasbourgeois publie une tribune pour réclamer la limitation de l'utilisation du bois, en particulier dans les territoires pollués, ainsi que la mise en place de valeurs limites plus strictes pour les polluants les plus toxiques. Cette tribune se base sur des études réalisées à Strasbourg où le développement des centrales biomasse a été fortement encouragé par les pouvoirs publics et explique clairement les problèmes liés au développement des centrales à bois.

En conclusion de cette tribune, on peut lire "Encourager le développement du chauffage au bois et des centrales biomasses, qui fonctionnent en grande partie au bois, est donc dangereux pour la santé de nos concitoyens et incompatible avec les politiques publiques d’amélioration de la qualité de l’air, notamment dans les treize villes et territoires qui outrepassent les normes européennes, comme Strasbourg."
L'un des auteurs, Thomas Bourdrel, cardiologue à Strasbourg craint que, ce faisant,  "Après le diesel, la France s’engage sur la voie d’un nouveau scandale sanitaire".
À lire sur le site de France 3 : Strasbourg : "Le chauffage au bois plus dangereux que le diesel", des médecins alertent sur les centrales biomasses

La combustion de biomasse est-elle une solution innovante ?

Depuis 400 000 ans... non sérieusement, il y a bien des innovations là-dedans :

  • des procédés d'exploitation de la forêt qui permettent de moissonner un maximum d'arbres avec un minimum de main d'oeuvre et en un minimum de temps,
  • des installations automatisées nécessitant un minimum de main d'oeuvre pour rester compétitif côté tarif,
  • des filtres beaucoup plus performants... mais qui se heurtent toujours aux mêmes limites : l'impossibilité de filtrer les particules les plus fines qui sont les plus nocives, et une efficacité qui n'est optimale que quand l'installation tourne à plein régime (ne tenant pas compte des phases d'arrêt et de redémarrage durant lesquelles s'échappent les particules qui ne sont détruites qu'au delà d'une certaine température comme les HAP notamment)
La combustion de biomasse est-elle une solution durable ?

La question centrale est de savoir si c'est durable dans les conditions de développement actuelles liées aux incitations massives à se ruer sur cette solution. Les yeux rivés sur le compteur d'émission de CO2 et de part d'énergie renouvelable, les collectivités semblent perdre de vue tous les autres indicateurs : l'impact sur la santé des riverains mais aussi la pérennité des gisements.

À ce propos lire : La ruée vers la biomasse inquiète les pouvoirs publics "le gouvernement veut revoir à la baisse les objectifs d'usage de la biomasse dans sa nouvelle feuille de route énergétique[...]"

Parmi les associations qui alertent sur la dégradation des forêts sous les effets combinés du changement climatique et de leur industrialisation, SOS Forêt Dordogne a tenté un exercice qui consiste à convertir les tonnes de "biomasse" nécessaires à l'alimentation des chaufferies en surface à exploiter. Un calcul qui pousse à se questionner sur la pérennité des gisements de biomasse à long terme. Une question cruciale quand on sait que ces installations coûteuses ont une durée d'amortissement moyenne de 30 ans et qui donne envie de se livrer à un autre calcul : sachant qu'il est déjà observé que les arbres poussent deux fois moins vite qu'il y a 20 ans, que 62000 hectares de forêts sont partis en fumée cet été, que le réchauffement climatique et la multiplication des plantations monoculturales de résineux accentuent le risque d'incendie, que brûlera-t-on dans ces installations d'ici 10 à 15 ans ??

Peut-on remplacer les énergies fossiles par la biomasse ?

La biomasse a besoin des énergies fossiles à toutes les étapes : pour exploiter la forêt, pour acheminer les plaquettes... et enfin pour brûler le tout. La biomasse est un combustible peu performant qui ne permet pas de monter en charge rapide et nécessite un dispositif au gaz "en renfort et complément"...


Stratégie Nationale Bas-Carbone (SNBC)

Les documents de travail publiés par le Secrétariat Général à la Planification Écologique présagent la révision de la Stratégie Bas Carbone de la France.
Dans un rapport sur "La planification écologique dans l'énergie" publié le 12 juin 2023, la partie "bouclage biomasse" annonce "Bio-énergies : une situation tendue dès 2030". L'une des 3 pistes présentées pour réaliser le "bouclage biomasse" consiste à "développer les alternatives à la biomasse à chaque fois que possible" avec notamment l'accélération du déploiement de la géothermie, la définition d'un plan de développement du solaire thermique et l'introduction d'une part de solaire thermique sur tous les réseaux de chaleur à la biomasse. Dans la hiérarchisation des usages, on trouve à nouveau proposé de "réinterroger le potentiel géothermie basse énergie" pour ouvrir une alternative décarbonée autre que la biomasse pour les réseaux de chaleur.

La ville injuste

Les émissions polluantes

L'implantation d'un incinérateur dans le tissu urbain soulève des inquiétudes légitimes. Limite des filtres aussi performants soient-ils, incohérence avec la mise en place de la ZFE (zone à faible émission)... difficile de rendre acceptable un projet de cette nature au bénéfice du quartier voisin à plus forte raison quand elle concentre les pollutions en périphérie dans des quartiers déjà exposés à des sources de pollutions atmosphériques importantes (proximité de la rocade et couloir aérien pour La Cépière).

Les vents tournent

Les documents de présentation de Toulouse Métropole se montrent excessivement rassurants, partiels et partiaux.

  • Du skatepark Ernest Renan à l'avenue d'Atlanta on peut voir les vents tourner gentiment pour s'aligner soit sur la voie ferrée dans le premier cas (sud-ouest / nord-est) soit sur le tracé de la rocade dans l'autre cas (sud-est / nord-ouest).
  • Les projections ne montrent pas l'étendue des zones exposées aux retombées polluantes mais seulement celles où les retombées sont supérieures à l'objectif qualité imposé au délégataire. ( à ce sujet, on vous invite à lire l'étude produite par Jean-Marc Iris qui partant de ces objectifs qualité pour la chaufferie de la ZAC Matabiau arrive à la possibilité pour le délégataire d'émettre jusqu'à 24kg de particules fines par jour, soit l'équivalent de 1 à 5 millions de véhicules diésels de type 5 (interdits de circuler à Toulouse donc) supplémentaires sur le tronçon de rocade longeant la parcelle qui accueillera la chaufferie.
  • Pour la présentation du projet de chaufferie de la Cépière, le document annonce des filtres efficaces à 99 voire 99.9%... oubliant de préciser qu'il s'agit d'une projection idéale qui ne peut être atteinte qu'avec un combustible parfait à des niveaux de combustion optimales, négligeant de mentionner le fait que les filtres sont totalement inopérants sur les périodes d'arrêt et de redémarrage par exemple.
  • la question de la capacité de l'environnement à absorber les pollutions émises n'est jamais abordée. L'équation est pourtant assez simple : les arbres et espaces de pleine terre sont seuls capables d'absorber les particules émises. Déposées sur béton et bitume, elles participent de la dégradation de la qualité de l'air à l'échelle de la ville et concernent tous les toulousains parce que oui les vents tournent.

Les présentations "rassuristes" de Toulouse métropole ont beaucoup contribué à agacer les riverains. Les références ne manquent pas pour observer la diffusion des émissions polluantes à Toulouse : incinérateur de Ginestou, Fonderie STCM et incinérateur du Mirail par exemple...

Carte dispersion particules fines autour de l'incinérateur de Ginestou

Extrait d'une étude réalisée par l'ATMO sur les retombées polluantes de l'incinérateur de Ginestou

zone de surveillance mise en place par l'ARS suite à la découverte de la pollution au plomb autour de STCM

Zone de surveillance délimitée par l'ARS pour le suivi des toulousains exposés à la pollution au plomb STCM

retombées PM10 incinérateur du Mirail

Extrait d'une étude réalisée par ATMO Occitanie sur les retombées polluantes de l'incinérateur du Mirail

Transposition du modèle des retombées polluantes de Ginestour sur les projets de chaufferie biomasse portés par Toulouse Métropole

Pour permettre aux riverains de se faire une meilleure idée de l'étendue possible de l'impact de ces projets de chaufferie, nous avons pris la liberté de transposer l'étendue des retombées observées autour de l'incinérateur de Ginestou sur les lieux pressentis  pour accueillir des chaufferies biomasse.

transposition des études réalisées à ginestou sur l'hypothèse de la création d'une centrale biomasse boulevard Atlanta

Transposition de l'étude réalisée à Ginestou sur l'hypothèse de la création d'une centrale biomasse rue Ernest Renan

transposition des études réalisées à ginestou sur l'hypothèse de la création d'une centrale biomasse boulevard Atlanta

Transposition de l'étude réalisée à Ginestou sur l'hypothèse de la création d'une centrale biomasse boulevard Atlanta

transposition des études réalisées à ginestou sur l'hypothèse de la création d'une centrale biomasse quartier La Cépière

Transposition de l'étude réalisée à Ginestou sur l'hypothèse de la création d'une centrale biomasse rue Mouly - La Cépière

La métropole prédatrice

Les raisons de s'inquiéter pour les territoires environnants

Dans l'appel d'offre émis par Toulouse Métropole, les exigences quant à la provenance du combustible semblent extrèmement faibles. Elles se limitent à demander un minimum de 40% issus de forêts gérées durablement avec des labels PEFC et FSC.... Quand on sait que ces labels n'empêchent ni la pratique des coupes rases, ni les replantations en monoculture de résineux, on est d'autant plus inquiets de savoir de quel type d'exploitation proviendront les 60% restants ?

Du côté des territoires ruraux, on voit se multiplier le nombre d'associations qui alertent sur l'industrialisation des forêts (SOS forêt Dordogne, Touche pas à ma Forêt, etc.). En cause, une transition énergétique qui semble se limiter à vouloir remplacer les énergies fossiles par la biomasse sans prendre le temps de s'interroger sur les équilibres écologiques et économiques, ni les limites du gisement, et négligeant l'objectif prioritaire de sobriété. Le débat est porté au niveau national par la très dynamique association Canopée Forêt vivante et sa campagne pour la défense dees forêts françaises.

Quel impact sur la biodiversité et les paysages ?
Pour l'heure, le renforcement de l'exploitation des forêts se traduit par la multiplication des coupes rases (pratique désastreuse pour les sols) et le remplacement des peuplements de feuillus par plantations de résineux (plus rentables).

Quel impact sur la pérennité de la ressource et le prix du bois ?
On l'a vu avec les pellets, les incitations massives des collectivités impactent les prix et la disponibilité des ressources. Toulouse métropole se vante d'être en capacité de négocier les tarifs... qu'adviendra-t-il pour les autres ? Comment s'assurer que les habitants des zones rurales qui se chauffent au bois ne subissent pas l'impact de la déstabilisation des prix et puissent continuer à accéder à cette ressource. (La question se pose déjà pour la biomasse issue des exploitations agricoles avec les méthaniseurs qui détournent des denrées alimentaires avec des tarifs plus attractifs que ceux de la filière agro-alimentaire.)

Des ressources à préserver

photo d'exploitations forestières prélèvement intelligen vs coupe rase

Pour rester à peu près crédible des points de vue de la limitation des émissions de CO2 et de l'indépendance vis à vis des énergies fossiles, l'approvisionnement en biomasse doit se faire dans un rayon restreint. En réunion publique, le représentant de l'ADEME parlait d'un rayon de 100km. On comprend que cette ressource doit être ménagée. La métropole aussi semble-t-il puisqu'en parallèle, le raccordement des réseaux de chaleur de Purpan et Rangueil à celui du Mirail s'appuie sur cet argument : valoriser la chaleur "fatale" d'autres réseaux pour préserver la biomasse, notamment en été quand les besoins sont réduits...

Quelle ressource en bois dans la région toulousaine ?

Les réunions publiques nous mettent face à des représentants de l'ADEME qui semblent tellement acquis à la cause du projet au point de tenir des discours parfois contradictoire avec les rapports de l'agence. La seule réponse apportér jusqu'à présent à nos interrogations étant "il ne faut pas croire tout ce que vous lisez sur Internet", on s'est appliqué à sélectionner nos sources !

Ci-dessous vous trouvez la planche extraite de l'édition 2023 des chiffres clés des énergies renouvelables disponible sur le site du ministère de la transition énergétique. Quand le représentant de l'ADEME nous assure une profusion de ressource sur le territoire, on peut observer sur cette double page :

  • à gauche : l'explosion des importations de bois-énergie depuis 2018 (on passe d'une balance équilibrée à un déficit de 205M€ en 2022)
  • à droite : un taux de boisement en haute-garonne proche de ceux observés en Bretagne. Sans vouloir contredire le fait qu'ailleurs en Occitanie la ressource peut être abondante, on est en droit de se demander si la métropole est vraiment légitime à revendiquer cette ressource dans un rayon de 200 km ?

pages 58 et 59 de l'édition 2023 des chiffres clés des énergies renouvebales communiqués par le ministère de la transition énergétique

Pages 58 et 59 de l'édition 2023 des chiffres clés des énergies renouvebales communiqués par le ministère de la transition énergétique

Quelles alternatives à la biomasse ?

Il ne s'agit pas d'être pour ou contre l'exploitation de la biomasse en soi mais de prendre le temps de réfléchir aux ressources disponibles, à la bonne façon de les utiliser et donc à leur préservation... pour changer.

La biomasse issue des territoires ruraux peut être brûlée, méthanisée ou plus simplement abandonnée à la décomposition qui en plus de régénérer les sols renforce leur capacité à stocker le carbone.

Il est normal de se demander s'il est juste et censé que les métropoles s'approprient cette ressource pour la brûler (le pire des usages avec son cortège de nuisance incompatible avec la densification du tissu urbain) alors qu'elles pourraient valoriser d'autres ressources pour satisfaire ses besoins.

La métropole dispose de ses propres ressources pour alimenter des réseaux de chaleur :

  • les sources urbaines de chaleur fatale : eaux usées, datacenter, blanchisseries, entrepôts frigorifiques etc. Le réseau de chaleur de la Plaine est alimenté par la chaleur dégagée par les supercalculateurs du centre de recherche Clément Ader. Celui du Mirail par l'incinérateur à déchet (avec cependant l'effet pervers de dépendance à la production de déchets qui en résulte. Saviez-vous qu'il arrive à l'incinérateur du Mirail de brûler des déchets en provenance des Hautes Pyrénées ? Voir les travaux de ZeroWaste Toulouse pour plus d'infos - concertation en cours).
  • la géothermie : un potentiel sur toute l'étendue de la commune de Toulouse qu'un sondage réalisé durant l'été 2023 est venu confirmer. Alors certes, les installations de géothermie sont plus complexes à mettre en place que des installations de combustions mais elles ouvrent des perspectives bien plus intéressantes :
    • la possibilité de développer des réseaux de chaleur ET de froid (avec l'heureuse perspective de limiter l'installation de climatiseurs qui aggravent l'effet d'îlot de chaleur urbain à l'avenir),
    • l'avantage de disposer d'une ressource propre (dans le sens de pas d'émissions polluantes ni bouleversements irréversibles et dans le sens de propre à soi = foutre la paix aux territoires environnants et s'assurer une autnomie totale sur le long terme)
    • la possibilité de couper court à la dépendance du réseau de chaleur du Mirail à la combustion de déchets (ce qui permettrait d'envisager une vraie campagne de réduction des déchets, une application ambitieuse de l'obligation de proposer une collecte et un traitement différencié pour les déchets organiques, voire le déménagement de l'incinérateur du Mirail loin des zones densément peuplées.

Le schéma directeur des énergies (SDE) de Toulouse affiche la volonté de "Structurer un dispositif de dialogue citoyen sur la durée afin d’intégrer les propositions citoyennes." ... et pourtant on se retrouve face à une métropole qui tout en se vantant de vouloir mener une transition énergétique pour la croissance verte et se veut innovante et durable, ne nous propose rien de mieux qu'un feu de bois et répond à la réaction des toulousains par une stigmatisation stérile et contre productive des opposants : "culture de la peur", besoin de pédagogie", "les gens s'inquiètent pour rien", "il ne faut pas croire tout ce que vous lisez sur internet", etc.

De fait, la solution biomasse est la plus facile à mettre en oeuvre (la combustion on connait !) et semble-t-il la plus encouragée par l'ADEME actuellement (si l'on en juge d'après l'enthousiasme de son représentant à Toulouse mais beaucoup moins d'après ses avis). Restent deux paramètres capables de la rendre au moins aussi complexe que la recherche de solutions pertinentes pensées pour un contexte particulier et limitant vraiment les émissions de CO2 et les émissions polluantes pour des villes déjà irrespirables :

  • l'opposition des riverains,
  • la mobilisation des acteurs forestiers

À Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole qui s'étonne :

"Alors que, à Toulouse comme dans les autres grandes villes, les citoyens demandent aux élus d'accélérer la transition écologique et énergétique face au réchauffement climatique, il serait pour le moins contradictoire qu'un groupe de citoyen veule (sic) contrer la démarche que porte la collectivité pour traduire concrètement ces préoccupations et objectifs à travers ce projet".

Rappelons que :

  • le bois-énergie est identifié comme la source d'énergie la plus polluante, sujet d'inquiétudes pour les spécialistes de la qualité de l'air et les médecins
  • la neutralité carbone et la reconnaissance comme énergie renouvelable de ce combustible sont très criticables...
  • la démocratie repose sur la confrontation de points de vue différents, que c'est à cela que servent les concertations... et qu'à défaut, il reste la contestation...
  • la constitution de groupes de citoyens est saine, cohérente, légitime et même nécessaire pour faire pression sur les élus en vue d'exiger :
    • des choix écologiques plus ambitieux,
    • le respect de la qualité de l'air,
    • un traitement égal pour tous les toulousains.

Pourquoi une telle défiance des toulousains vis à vis des décideurs de Toulouse Métropole ?

Pour rester sur les publications les plus récentes à propos de la cohabitation des toulousains avec les installations industrielles :

STCM

06/10/22
Pollution au plomb à Toulouse : 12.000 personnes soumises à un suivi sanitaire dans le quartier de Fondeyre

AZF

21/09/22

ENTRETIEN. Catastrophe d'AZF : "Total a mis 20 ans à admettre que l'explosion était un accident"

Incinérateur du Mirail

14/09/22

Toulouse : l'incinérateur de déchets le plus polluant de France se trouve dans le quartier du Mirail

Les postures contradictoires de Jean-Luc Moudenc

A peine deux mois se sont écoulés entre l'argumentaire du maire assurant les habitants de son souci de veiller à la santé de ses concitoyens et ses déclarations niant les nuisances dont sont victimes les riverains de l'incinérateur du mirail : décidément, l’actualité s’acharne !

Voilà ce qu'on peut lire dans le courrier adressé aux riverains du projet de chaufferie biomasse pour les rassurer et les convaincre d'accepter l'installation : "En effet, soucieux, tout comme vous de la préservation de l'environnement et de la protection de la santé de nos concitoyens, nous veillerons à ce que les propositions en termes d'émissions de chaque candidat répondant à cet appel d'offres soient poussées au maximum pendant les négociations, avec des contraintes plus fortes que les valeurs limites d'émissions fixées par la réglementation en vigueur."

Environ deux mois plus tard, voici la réaction du même Jean-Luc Moudenc à la publication du rapport de zero Waste Toulouse sur l'incinérateur du Mirail : "c'est un incinérateur qui en réalité pollue beaucoup moins que ce que certains veulent dire. Il y a un arrêté préfectoral qui régit les émissions, qui les limite. Et nous sommes en dessous de tous les seuils. La population qui habite autour n'est pas du tout exposée" Ce qu'il faut savoir : compte tenu de sa vétusté l'incinérateur du mirail bénéficie de seuils d'autorisation relevés par la préfecture... et il les franchit plusieurs fois dans l'année...

Plus de ressources à propos des émissions polluantes

Toulouse Chauffe

Analyse des rejets atmosphériques de la chaufferie biomasse d’Atlanta

Ce document, produit par Jean-Marc Iris pour le collectif Toulouse Chauffe, analyse les niveaux de rejets atmosphériques de la chaufferie biomasse présentés par le délégataire pressenti pour la gestion du réseau de chaleur Matabiau – Quais d’Oc. Il en évalue la pertinence, et en expose une évaluation plus réaliste.
Il replace également ces émissions dans le contexte environnemental et réglementaire du site.

Strasbourg Respire

Retour d'expérience Strasbourg

À Strasbourg, métropole au bord de l'asphyxie, le collectif Strasbourg Respire dénonce l'utilisation du terme "énergies renouvelables" pour duper média et citoyens quand l'abus de ces énergies conduit en réalité à une majoration des risques sanitaires et environnementaux.

À propos de la surveillance de la qualité de l'air

Une surveillance incomplète et des seuils trop élevés

Une recommandation de l'ANSES (L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail) publiée en 2018 pour la mise en place et le renforcement du suivi de polluants non pris en compte ou insuffisamment pris en compte

À propos de la pollution aux particules fines

Une publication qui vient de paraître dans the Lancet Planetary Health rappelle qu'en dehors du changement climatique, la pollution a des effets nuisibles bien plus directs : environ 86% des personnes vivant en agglomération respireraient un air néfaste pour leur santé, c’est-à-dire un tiers des habitants de notre planète !
La publication originale (en anglais) : Global urban temporal trends in fine particulate matter (PM2·5) and attributable health burdens: estimates from global datasets (évoquée dans cet article en français mais sur abonnement : Air pollué en ville : 2,5 milliards d'habitants exposés aux particules fines)

À propos des bénéfices sociétaux associés à des mesures d’amélioration de la qualité de l’air

Retour d'expérience Grenoble

Dans le communiqué de presse "Des mesures qui payent pour lutter contre la pollution atmosphérique" publié le 13 janvier 2022, l'étude MobilAir est présentée comme la première étude en France qui démontre "que les bénéfices sociétaux associés à des mesures d’amélioration de la qualité de l’air sont supérieurs au coût de ces mêmes mesures. Les décideurs disposent ainsi de pistes scientifiquement validées pour améliorer significativement la santé à l’échelle de l’agglomération"... C'est dire le coût que représente la pollution de l'air et tout l'intérêt qu'il y a à y remédier... et à ne pas l'aggraver !

Pour mieux comprendre les enjeux liés à l'exploitation forestière

Enquête de Vincent Verzat publiée en février 2023 sur la chaîne Partagez c'est sympa

Canopées Forêts Vivantes

Alerter, mobiliser, transformer

Canopée est une nouvelle organisation fondée en 2018 qui émerge du besoin critique de construire un contre-pouvoir citoyen pour mieux protéger les forêts en France et dans le monde. On lui doit entre autres le bilan caché du plan de relance en forêt paru au mois de mars 2022 et, plus récemment l'organisation d'un séminaire sur les forêts à destination des parlementaires.

SOS Forêts Dordognes

La forêt est notre avenir

L’association SOS Forêt Dordogne réunit des citoyens, des propriétaires forestiers, des acteurs de la filière bois, des amoureux de la nature soucieux de préserver la forêt et qui veulent, grâce à la mise en commun de toutes les bonnes volontés, décider du destin de cette richesse locale qu’est la forêt périgordine.

Touche pas à ma forêt

Pyrénées

Pour une consultation citoyenne. Pour une approche forestière respectueuse de la nature. Pour une forêt Pyrénéenne préservée. Pour la sauvegarde d’emplois forestiers locaux. Pour la sauvegarde des scieries locales. Pour la valorisation du bois Pyrénéen. Pour le rôle de puits carbone des forêts. Pour préserver le tourisme, poumon économique des Pyrénées. Pour orienter l’argent public vers des projets locaux, novateurs et éthiques.

Réseau pour les alternatives forestières

Pour une forêt vivante et habitée

Un lieu de coopération, de débat et de construction pour une diversité d'acteurs en vue de penser la forêt autrement qu’un hypermarché du bois devant s’adapter à une filière industrielle.

Reportage sur l'industrialisation des forêts réalisé par France 2

17 octobre 2022 / durée : 4 min

Séminaire de rentrée parlementaire organisé par Canopée Forêts Vivantes

21 septembre 2022 / durée : 3h54min

Sur le front des forêts françaises | Hugo Clément | France 5

mars 2021

Le dernière émission de Sur Le Front consacrée à La face cachée des forêts françaises et diffusée en février 2024 peut être visionnée en replay sur la plateforme FranceTV