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Incinérateurs & ZFE

Chaufferies Biomasses à Toulouse

Le site Toulouse Chauffe a été créé en 2022 par les riverains du skatepark Ernest Renan, premier lieu envisagé pour implanter une chaufferie biomasse pour la ZAC Matabiau. Le déplacement du projet sur l'avenue d'Atlanta, assorti du doublement de la puissance initialement prévue, a étendu la contestation aux quartiers Croix Daurade et Roseraie. Aujourd'hui le collectif Toulouse Chauffe prend encore de l'ampleur pour accompagner les habitants du quartier La Cépière concernés à leur tour par un nouveau projet de chaufferie biomasse de grande capacité. Raccordée au réseau de chaleur du Mirail, cette installation aurait pour objectif de poursuivre l'extension de ce réseau sans remettre en question la place centrale de l'incinérateur de déchet ni explorer le potentiel en géothermie.

Toulouse NORD

Chaufferie biomasse de la ZAC Matabiau

Un projet d'aménagement abandonné aux industriels qui en doublent la puissance et s'accommodent de raccorder des passoires thermiques pour en justifier la localisation.

1 point positif : réorienté vers une solution multi-énergie géothermie/biomasse, le projet retenu par Toulouse Métropole pousse à la réalisation d'un sondage du potentiel de géothermie sur le sous-sol toulousain.

Toulouse SUD

Projet de chaufferie biomasse de la Cépière

Annoncé fin 2023, en vue de poursuivre l'extension du réseau de chaleur du Mirail, ce projet nous ramène un an en arrière :

  • même processus de consultation défaillant,
  • même procédé pour tenter de minimiser la question des pollutions,
  • même absence de considération pour le problème de la ressource en biomasse.

Une chaufferie biomasse, c'est quoi ?

Une chaufferie biomasse est un équipement industriel qui utilise la chaleur produite par la combustion de biomasse... d'une masse de biomasse. Les projets portés par Toulouse Métropole envisagent des chaufferies d'une puissance de 8MW couplées à des chaufferies au gaz d'une puissance de plus ou moins 20 MW (indispensable "en complément et renfort" de la biomasse) qui nécessite la livraison de 1 à 3 camions de 38 tonnes de combustible par jour selon la saison. Dans le projet de départ concernant la ZAC Matabiau, la chaufferie aurait fonctionné même en plein été pour assurer la fourniture d'eau chaude sanitaire.

Le terme biomasse englobe une large variété de matières combustibles allant des plaquettes forestières, composées de broyats de bois, aux différents types de déchets biodégradables en provenance de l'agriculture, de l'industrie du bois et des ménages. Une visite de la chaufferie de Blagnac organisée par la mairie pour tenter de rassurer les premiers habitants a permis à ces derniers d'observer les traces de déchets de chantier dans le mix à brûler avec notamment des gaines électriques et du bois traité.  À l'inquiètude quant aux émissions polluantes de la combustion du bois, est finalement venu s'ajouter la crainte d'être exposés aux émanations d'un incinérateur à déchets.

Quelques images glanées sur internet pour voir à quoi ça ressemble sans les habillages prévus dans les prescriptions architecturales de l'appel d'offre.

Du bon usage des chaufferies biomasse

Le Cerema, établissement public sous la tutelle du ministère de la Transition écologique et de la Cohésion des territoires, accompagne les collectivités territoriales pour l’élaboration, le déploiement et l’évaluation de politiques publiques d’aménagement et de transport. Le pôle qui s'intéresse aux réseaux de chaleur et de froid identifie précisément les pistes de développement pour les réseaux de chaleur biomasse qu'il juge pertinente :

  • la substitution d’énergies fossiles par le bois dans des réseaux anciens ;
    En remplacement de l'incinération de charbon ou de déchets ménagers par exemple.
  • la poursuite du développement des petits réseaux en zone peu dense;
    Par petits réseaux le CEREMA parle de réseaux de 1 à 4MW au plus. Le terme de zone peu dense ne fait sûrement pas référence au tissu urbain au coeur d'une métropole qui cherche à se densifier, parfois au delà du raisonnable (voir la révision à la baisse du projet du Bocage Habité).

(source : https://reseaux-chaleur.cerema.fr/espace-documentaire/reseaux-chaleur-biomasse)

Pertinence du projet global ? Pérennité des ressources ? Impact pour les riverains ? Impact aux alentours de Toulouse ? Justice sociale ? Après des mois à creuser ces questions, les riverains du skatepark Ernest Renan, de l'avenue d'Atlanta et au-delà, sont plus sensibilisés aux questions de la transition écologique et du greenwashing que jamais ! La reprise en main du projet de la mairie par les industriels est loin de calmer leurs inquiétudes.

Les contributions citoyennes publiées en réponse à la consultation organisée par Toulouse Métropole sur l'accélération des énergies renouvelables montrent que la question inquiète les toulousains bien au-delà des riverains directement exposés aux retombées polluantes de ces installations.

Transition énergétique vs transition écologique ?

En fait de transition écologique, ce projet semble au contraire illustrer l'impasse d'une transition énergétique conduite sans précaution ni ambition. Ici, la production d'énergie renouvelable ne vient pas réduire la dépendance aux énergies fossiles puisqu'elle vient couvrir de nouveaux besoins. D'une certaine façon, on peut même considérer qu'elle la prolonge vu que les énergies fossiles sont nécessaires à l'exploitation de la biomasse forestière, à son acheminement mais aussi à sa combustion.

Par ailleurs, du côté de la ZAC Matabiau, le projet se vante de fournir une énergie moins chère à des bâtiments que leur destination (50% bureau, 15% commerce) prédispose au gaspillage énergétique. En fait de capacité à remplacer des installations existantes fonctionnant aux énergies fossiles, les rares bâtiments identifiés qui seraient raccordables sont des passoires thermiques : une énergie moins chère aurait donc pour effet positif d'améliorer le confort des résidents, ce qui est une bonne chose mais ne contribue aucunement aux objectifs de sobriété nécessaires à une transition écologique.

Interview de Jean-Baptiste FRESSOZ, historien des sciences, des techniques et de l'environnement et chercheur au CNRS, à propos de la transition énergétique

Le greenwashing, c'est quoi ?

Le greenwashing est une méthode de marketing qui consiste à communiquer auprès du public en utilisant l'argument écologique.

Quelques exemples de procédés du greenwashing :

une fausse exclusivité : s'affirmer comme un acteur engagé alors qu'on ne fait que répondre à une obligation légale.

• une promesse disproportionnée : Toulouse Métropole vante un projet qui va permettre d'économiser 6000t de CO2/an en omettant de préciser que ces économies ne se font pas sur les émissions actuelles mais sur les nouvelles émissions générées par un autre de ses projets... Derrière l'effet d'annonce, le bilan de l'action de la métropole avec la création de la ZAC MAtabiau Quai D'Oc reste au final une augmentation conséquente des émissions de CO2 (sans parler des polluants liés au procédé de la combustion (Nox) et ceux plus spécifiques propres à la combustion du bois (HAP)).

• Des informations insuffisantes. On ne connaît pas le détail des calculs qui aboutissent à ce total de 6000€t/an. Il s'appuie à priori sur la supposé neutralité carbone du bois énergie, cela signifie concrètement que ces 6000t seront émises mais qu'on ne les compte pas parce qu'on peut espèrer les voir recapturées par les forêts qui repoussent... à l'échelle d'une vie humaine... peut-être... Le chiffre ne dit pas non plus si ce calcul tient compte du fait que les arbres poussent moins vite à cause de la hausse des températures et de stress hydriques répétés..

Conseil de lecture

Greenwashing : manuel pour dépolluer le débat public

ouvrage collectif publié aux éditions du Seuil, sous la direction d’Aurélien Berlan, Guillaume Carbou et Laure Teulières.

[...] Alors que l’enjeu écologique est décisif, nous avons un besoin urgent de clarifier les débats sur le sujet. Le greenwashing est ce qui nous en empêche. Évoquant tour à tour un verdissement de façade, la récupération d’un discours environnementaliste vidé de sa substance, la mise en place d’innovations aux effets « écologiques » douteux, il biaise le débat public et empêche des choix démocratiques éclairés.[...] ce manuel d’autodéfense intellectuelle permet d’appréhender le greenwashing dans toute son ampleur. Trente-cinq scientifiques et spécialistes de ces questions révèlent les fausses promesses, les illusions rassurantes et les formes d’enfumage qui nous enferment dans des trajectoires insoutenables. Un outil essentiel pour ouvrir la voie aux bifurcations nécessaires.

Cliquez sur la vignette pour regarder l'intervention sur facebook watch

Le 14 octobre 2022, une vingtaine d'activistes d'ANV COP21 et des Scientifiques en Rébellion occupent la salle des Illustres du Capitole pour dénoncer le greenwashing du Forum Toulouse Zéro Carbone

Extraits choisis :
- "mettre en avant des solutions technologiques sans évoquer leurs limites [...] laisser croire qu'avec ces solutions on va pouvoir continuer le même modèle en le rendant propre à la hauteur des enjeux et pendant le laps de temps qui nous incombe pour cela, ça c'est un gros mensonge",
- "l'enjeu ce n'est pas de produire plus d'energies renouvelables, l'enjeu numéro 1 c'est de stopper l'exploitation des energies fossiles"...

La presse en parle