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Les failles des projets de la mairie de Toulouse

Réseaux de chaleurs à Toulouse

Les projets de création et développement du chauffage urbain portés par la mairie de Toulouse présentent tous des caractéristiques inacceptables :

  • priorité donnée à la biomasse dans les cahiers des charges sans considération pour la réalité des ressources locales.
  • problème de justice sociale : les chaufferies biomasse sont prévues sur des secteurs de la ville déjà sur-exposés aux émissions polluantes.
  • non prise en compte des citoyens et absence de maîtrise des projets :  Engie a totalement redéfini le projet de chaufferie de la ZAC Matabiau, en intégrant notamment de la géothermie alors que les élus toulousains se sont appliquées pendant des mois à nous convaincre que c'était impossible.

Les scandales sanitaires qui finissent toujours par être révélés après des années de dénégations de la part des élus toulousains assurant qu'il n'y a pas de problème alimentent une défiance bien compréhensible.

La ville injuste

Les émissions polluantes pour les habitants les moins favorisés

L'implantation d'un incinérateur dans le tissu urbain soulève des inquiétudes légitimes. Limite des filtres aussi performants soient-ils, incohérence avec la mise en place de la ZFE (zone à faible émission)... difficile de rendre acceptable un projet de cette nature au bénéfice du quartier voisin à plus forte raison quand elle concentre les pollutions en périphérie dans des quartiers déjà exposés à des sources de pollutions atmosphériques importantes (proximité de la rocade et couloir aérien pour La Cépière). Un choix propre à aggraver le creusement des inégalités déjà constaté et révélé par une étude d'ATMO Occitanie : Dans l’agglomération toulousaine, la pollution baisse, mais tue les plus pauvres…

Les vents tournent

Les documents de présentation de Toulouse Métropole se montrent excessivement rassurants, partiels et partiaux.

  • Du skatepark Ernest Renan à l'avenue d'Atlanta on peut voir les vents tourner gentiment pour s'aligner soit sur la voie ferrée dans le premier cas (sud-ouest / nord-est) soit sur le tracé de la rocade dans l'autre cas (sud-est / nord-ouest).
  • Les projections ne montrent pas l'étendue des zones exposées aux retombées polluantes mais seulement celles où les retombées sont supérieures à l'objectif qualité imposé au délégataire. ( à ce sujet, on vous invite à lire l'étude produite par Jean-Marc Iris qui partant de ces objectifs qualité pour la chaufferie de la ZAC Matabiau arrive à la possibilité pour le délégataire d'émettre jusqu'à 24kg de particules fines par jour, soit l'équivalent de 1 à 5 millions de véhicules diésels de type 5 (interdits de circuler à Toulouse donc) supplémentaires sur le tronçon de rocade longeant la parcelle qui accueillera la chaufferie.
  • Pour la présentation du projet de chaufferie de la Cépière, le document annonce des filtres efficaces à 99 voire 99.9%... oubliant de préciser qu'il s'agit d'une projection idéale qui ne peut être atteinte qu'avec un combustible parfait à des niveaux de combustion optimales, négligeant de mentionner le fait que les filtres sont totalement inopérants sur les périodes d'arrêt et de redémarrage par exemple.
  • la question de la capacité de l'environnement à absorber les pollutions émises n'est jamais abordée. L'équation est pourtant assez simple : les arbres et espaces de pleine terre sont seuls capables d'absorber les particules émises. Déposées sur béton et bitume, elles participent de la dégradation de la qualité de l'air à l'échelle de la ville et concernent tous les toulousains parce que oui les vents tournent.

Les présentations "rassuristes" de Toulouse métropole ont beaucoup contribué à agacer les riverains. Les références ne manquent pas pour observer la diffusion des émissions polluantes à Toulouse : incinérateur de Ginestou, Fonderie STCM et incinérateur du Mirail par exemple...

Carte dispersion particules fines autour de l'incinérateur de Ginestou

Extrait d'une étude réalisée par l'ATMO sur les retombées polluantes de l'incinérateur de Ginestou

zone de surveillance mise en place par l'ARS suite à la découverte de la pollution au plomb autour de STCM

Zone de surveillance délimitée par l'ARS pour le suivi des toulousains exposés à la pollution au plomb STCM

retombées PM10 incinérateur du Mirail

Extrait d'une étude réalisée par ATMO Occitanie sur les retombées polluantes de l'incinérateur du Mirail

Transposition du modèle des retombées polluantes de Ginestou sur les projets de chaufferie biomasse portés par Toulouse Métropole

Pour permettre aux riverains de se faire une meilleure idée de l'étendue possible de l'impact de ces projets de chaufferie, nous avons pris la liberté de transposer l'étendue des retombées observées autour de l'incinérateur de Ginestou sur les lieux pressentis  pour accueillir des chaufferies biomasse.

transposition des études réalisées à ginestou sur l'hypothèse de la création d'une centrale biomasse boulevard Atlanta

Transposition de l'étude réalisée à Ginestou sur l'hypothèse de la création d'une centrale biomasse rue Ernest Renan

transposition des études réalisées à ginestou sur l'hypothèse de la création d'une centrale biomasse boulevard Atlanta

Transposition de l'étude réalisée à Ginestou sur l'hypothèse de la création d'une centrale biomasse boulevard Atlanta

transposition des études réalisées à ginestou sur l'hypothèse de la création d'une centrale biomasse quartier La Cépière

Transposition de l'étude réalisée à Ginestou sur l'hypothèse de la création d'une centrale biomasse rue Mouly - La Cépière

La métropole prédatrice

Les raisons de s'inquiéter pour les territoires environnants

Dans l'appel d'offre émis par Toulouse Métropole, les exigences quant à la provenance du combustible semblent extrèmement faibles. Elles se limitent à demander un minimum de 40% issus de forêts gérées durablement avec des labels PEFC et FSC.... Quand on sait que ces labels n'empêchent ni la pratique des coupes rases, ni les replantations en monoculture de résineux, on est d'autant plus inquiets de savoir de quel type d'exploitation proviendront les 60% restants ?

Du côté des territoires ruraux, on voit se multiplier le nombre d'associations qui alertent sur l'industrialisation des forêts (SOS forêt Dordogne, Touche pas à ma Forêt, etc.). En cause, une transition énergétique qui semble se limiter à vouloir remplacer les énergies fossiles par la biomasse sans prendre le temps de s'interroger sur les équilibres écologiques et économiques, ni les limites du gisement, et négligeant l'objectif prioritaire de sobriété. Le débat est porté au niveau national par la très dynamique association Canopée Forêt vivante et sa campagne pour la défense dees forêts françaises.

Quel impact sur la biodiversité et les paysages ?
Pour l'heure, le renforcement de l'exploitation des forêts se traduit par la multiplication des coupes rases (pratique désastreuse pour les sols) et le remplacement des peuplements de feuillus par plantations de résineux (plus rentables).

Quel impact sur la pérennité de la ressource et le prix du bois ?
On l'a vu avec les pellets, les incitations massives des collectivités impactent les prix et la disponibilité des ressources. Toulouse métropole se vante d'être en capacité de négocier les tarifs... qu'adviendra-t-il pour les autres ? Comment s'assurer que les habitants des zones rurales qui se chauffent au bois ne subissent pas l'impact de la déstabilisation des prix et puissent continuer à accéder à cette ressource. (La question se pose déjà pour la biomasse issue des exploitations agricoles avec les méthaniseurs qui détournent des denrées alimentaires avec des tarifs plus attractifs que ceux de la filière agro-alimentaire.)

Des ressources à préserver

photo d'exploitations forestières prélèvement intelligen vs coupe rase

Pour rester à peu près crédible des points de vue de la limitation des émissions de CO2 et de l'indépendance vis à vis des énergies fossiles, l'approvisionnement en biomasse doit se faire dans un rayon restreint. En réunion publique, le représentant de l'ADEME parlait d'un rayon de 100km. On comprend que cette ressource doit être ménagée. La métropole aussi semble-t-il puisqu'en parallèle, le raccordement des réseaux de chaleur de Purpan et Rangueil à celui du Mirail s'appuie sur cet argument : valoriser la chaleur "fatale" d'autres réseaux pour préserver la biomasse, notamment en été quand les besoins sont réduits...

Quelle ressource en bois dans la région toulousaine ?

Les réunions publiques nous mettent face à des représentants de l'ADEME qui semblent tellement acquis à la cause du projet au point de tenir des discours parfois contradictoire avec les rapports de l'agence. La seule réponse apportér jusqu'à présent à nos interrogations étant "il ne faut pas croire tout ce que vous lisez sur Internet", on s'est appliqué à sélectionner nos sources !

Ci-dessous vous trouvez la planche extraite de l'édition 2023 des chiffres clés des énergies renouvelables disponible sur le site du ministère de la transition énergétique. Quand le représentant de l'ADEME nous assure une profusion de ressource sur le territoire, on peut observer sur cette double page :

  • à gauche : l'explosion des importations de bois-énergie depuis 2018 (on passe d'une balance équilibrée à un déficit de 205M€ en 2022)
  • à droite : un taux de boisement en haute-garonne proche de ceux observés en Bretagne. Sans vouloir contredire le fait qu'ailleurs en Occitanie la ressource peut être abondante, on est en droit de se demander si la métropole est vraiment légitime à revendiquer cette ressource dans un rayon de 200 km ?

pages 58 et 59 de l'édition 2023 des chiffres clés des énergies renouvebales communiqués par le ministère de la transition énergétique

Pages 58 et 59 de l'édition 2023 des chiffres clés des énergies renouvebales communiqués par le ministère de la transition énergétique

Quelles alternatives à la biomasse ?

Il ne s'agit pas d'être pour ou contre l'exploitation des forêts mais de prendre le temps de réfléchir aux ressources disponibles, à la bonne façon de les utiliser et donc à leur préservation... pour changer.

La biomasse issue des territoires ruraux peut être valorisée en matériaux de construction (OSB, isolant), transformée par les industries de l'emballage et de la papéterie, méthanisée pour produire du gaz vert ou plus simplement abandonnée à la décomposition qui en plus de régénérer les sols renforce leur capacité à stocker le carbone.

Il est normal de se demander s'il est juste et censé que les métropoles s'approprient cette ressource pour la brûler (le pire des usages avec son cortège de nuisance incompatible avec la densification du tissu urbain) alors qu'elles pourraient valoriser d'autres ressources pour satisfaire ses besoins.

Il est aussi normal de questionner la pertinence des réseaux de chaleur. Rappelons que ces installations ont été créées à l'orgine pour valoriser la chaleur générée par l'incinération des déchets (dite chaleur fatale car fatalement générée). La mise en place des réseaux de chaleur avait pour intérêt principal de compenser les nuisances subies par les riverains en leur offrant un bénéfice en retour mais créant une dépendance à la production de déchets qui s'est révélée problématique. Les conditions climatiques évoluent elles aussi et l'enjeu du confort thermique des logements et de la consommation énergétique qui lui est liée porte aujourd'hui porte autant sur le froid en hiver que sur le chaud en été. Ces évolutions et la préoccupation croissante pour les questions écologiques (émissions de CO2 oui mais aussi pollution de l'air et raréfaction des ressources) devrait pousser à s'affranchir des solutions du XXeme siècle pour étudier des solutions plus pertinentes et mieux adaptées aux circonstances actuelles.

Le schéma directeur des énergies (SDE) de Toulouse affiche la volonté de "Structurer un dispositif de dialogue citoyen sur la durée afin d’intégrer les propositions citoyennes." ... et pourtant on se retrouve face à une métropole qui tout en se vantant de vouloir mener une transition énergétique pour la croissance verte et se veut innovante et durable, ne nous propose rien de mieux qu'un feu de bois et répond à la réaction des toulousains par une stigmatisation stérile et contre productive des opposants : "culture de la peur", besoin de pédagogie", "les gens s'inquiètent pour rien", "il ne faut pas croire tout ce que vous lisez sur internet", etc.

De fait, la solution biomasse est la plus facile à mettre en oeuvre (la combustion on connait !) et la plus encouragée par l'ADEME (Agence de l'Environnement et de la Maîtrise de l'Énergie connue notamment pour avoir longtemps promu le diésel jusqu'à l'explosion du scandale de la pollution aux particules fines). La solution Géothermie profonde, dont on a espéré un temps qu'elle pourrait se substituer à la biomasse, semble ne pouvoir se passer de son pendant en biomasse (qui elle même ne peut s'affranchir de son pendant en gaz)... c'est en tout cas ce que soutiennent élus et industriels (rendez-vous le 11 décembre à 19h pour la conférence sur la géothermie avec Audrey Taillefer organisée par le CODEV pour en discuter). Si les réseaux de chaleur ne peuvent se passer d'unité de combustion bois et/ou gaz, forcément émettrice de CO2, soumise aux fluctuations des prix de la ressource et polluante pour les riverains, il est peut-être temps de considérer qu'ils règlent moins de problèmes qu'il n'en créent ?

À Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de Toulouse Métropole qui s'étonne :

"Alors que, à Toulouse comme dans les autres grandes villes, les citoyens demandent aux élus d'accélérer la transition écologique et énergétique face au réchauffement climatique, il serait pour le moins contradictoire qu'un groupe de citoyen veule (sic) contrer la démarche que porte la collectivité pour traduire concrètement ces préoccupations et objectifs à travers ce projet".

Rappelons que :

  • le bois-énergie est identifié comme la source d'énergie la plus polluante, sujet d'inquiétudes pour les spécialistes de la qualité de l'air et les médecins
  • la neutralité carbone et la reconnaissance comme énergie renouvelable de ce combustible sont très criticables...
  • la démocratie repose sur la confrontation de points de vue différents, que c'est à cela que servent les concertations... et qu'à défaut, il reste la contestation...
  • la constitution de groupes de citoyens est saine, cohérente, légitime et même nécessaire pour faire pression sur les élus en vue d'exiger :
    • des choix écologiques plus ambitieux,
    • le respect de la qualité de l'air,
    • un traitement égal pour tous les toulousains.

Pourquoi une telle défiance des toulousains vis à vis des décideurs de Toulouse Métropole ?

Pour rester sur les publications les plus récentes à propos de la cohabitation des toulousains avec les installations industrielles :

STCM

06/10/22
Pollution au plomb à Toulouse : 12.000 personnes soumises à un suivi sanitaire dans le quartier de Fondeyre

AZF

21/09/22

ENTRETIEN. Catastrophe d'AZF : "Total a mis 20 ans à admettre que l'explosion était un accident"

Incinérateur du Mirail

14/09/22

Toulouse : l'incinérateur de déchets le plus polluant de France se trouve dans le quartier du Mirail

Les postures contradictoires de Jean-Luc Moudenc

A peine deux mois se sont écoulés entre l'argumentaire du maire assurant les habitants de son souci de veiller à la santé de ses concitoyens et ses déclarations niant les nuisances dont sont victimes les riverains de l'incinérateur du mirail : décidément, l’actualité s’acharne !

Voilà ce qu'on peut lire dans le courrier adressé aux riverains du projet de chaufferie biomasse pour les rassurer et les convaincre d'accepter l'installation : "En effet, soucieux, tout comme vous de la préservation de l'environnement et de la protection de la santé de nos concitoyens, nous veillerons à ce que les propositions en termes d'émissions de chaque candidat répondant à cet appel d'offres soient poussées au maximum pendant les négociations, avec des contraintes plus fortes que les valeurs limites d'émissions fixées par la réglementation en vigueur."

Environ deux mois plus tard, voici la réaction du même Jean-Luc Moudenc à la publication du rapport de zero Waste Toulouse sur l'incinérateur du Mirail : "c'est un incinérateur qui en réalité pollue beaucoup moins que ce que certains veulent dire. Il y a un arrêté préfectoral qui régit les émissions, qui les limite. Et nous sommes en dessous de tous les seuils. La population qui habite autour n'est pas du tout exposée" Ce qu'il faut savoir : compte tenu de sa vétusté l'incinérateur du mirail bénéficie de seuils d'autorisation relevés par la préfecture... et il les franchit plusieurs fois dans l'année...