Les élus d'opposition ont profité du vote sur la cession du terrain du chemin Gramont à Toulouse Métropole pour interpeller les élus de la majorité sur le projet de chaufferie de la ZAC Matabiau. Maxime Le Texier, Pierre Lacaze et Antoine Maurice ont appelé la majorité à mettre en place une véritable concertation et posé au passage quelques questions pertinentes...
Pourquoi les nouveaux riverains concernés n'ont reçu aucune information alors que les anciens ont reçu un courrier pour les "rassurer" sur le fait que la chaufferie ne se ferait pas à côté de chez eux ? Quid des solutions alternatives ? ou encore pourquoi la chaufferie de la ZAC Matabiau n'a pas été prévue sur la ZAC Matabiau ? Des questions qui resteront sans réponse... D'esquive en esquive, le plaidoyer des élus de la majorité, une fois de plus, n'aboutit qu'à augmenter la défiance des riverains.
Hors rappel de l'objet du vote et une petite pique à destination de ses collègues, nous retiendrons cette phrase : "Sauf erreur de ma part je crois même qu'il y a une enquête publique pour ce type d'opération, en tout cas une concertation et en toute hypothèse une concertation au niveau du quartier donc il faut aussi à un moment laisser le temps au temps"... deux possibilités : soit il n'est pas au courant, soit il est aussi stupéfait que les habitants à l'idée que ce projet pourrait passer en douce ?
M Trautmann, c'est le connaisseur en la matière, celui qui sait. Il va à nouveau patiemment énumérer les mêmes arguments sans tenir compte des objections déjà formulées à leur propos ni prendre la peine de répondre aux questions, sauf celles qui peuvent être détournées pour lui permettre d'asseoir un peu plus son point de vue.
"Je signale qu'il y a toute une série de chaufferies biomasses qui existent dans notre commune et notre agglomération. Il y a la chaufferie biomasse de Rangueil qui chauffe toute l'université de Rangueil sans aucun problème depuis 7 8 années, il y a une chaufferie qui est encore plus ancienne au CHU de Purpan qui chauffe tout l'ensemble immobilier de Purpan sans aucun problème. Il y a une chaufferie qui a été décidée récemment à la ZAC de Jolimont qui n'a soulevé aucun problème, la ZAC du CEAT, il y a une chaufferie à Blagnac... Donc la chaufferie biomasse c'est quelque chose qui est recherché, qui est fait.
Alors effectivement nous avons rencontré quelques difficultés... lors des réunions que nous avons eues dans le quartier avec Maxime Boyer etc. donc on a essayé de trouver un terrain où il y a moins d'habitations, je souhaiterais si on peut projeter les images des deux sites [...] voilà le site d'Atlanta, vous voyez la population qu'il y a avec le rayon de 200 m, il y a une déchetterie qui est en bas, il y a une casse de voiture, etc. Voilà le site d'Atlanta. Vous pouvez montrer l'autre site, celui sur lequel nous étions initialement, il est donc prêt de la gare Matabiau, vous voyez l'embranchement vers Matabiau, c'est le skate park qui est là et vous voyez que le nombre d'habitation était bien supérieur, c'est pour ça que, logiquement, nous avons cherché un site qui soit plus adapté et nous avons trouvé le site d'Atlanta et y a la discussion avec la commission de quartier qui va se faire sous l'égide de notre collègue Isabelle Ferrer, qui va se faire à l'avenir. Comme l'a dit Sacha Briand, ce n'est pas quelque chose qui va être signé du jour au lendemain.
Par ailleurs, il y a effectivement une négociation qui a été faite avec différents opérateurs. Dont on ne connait pas encore le résultat pouisque les offres finales ont effectivement été remises mais on ne connait pas le résultat, mais ce que je sais c'est que les quatre opérateurs ont acccepté de réduire fortement d'un tiers la pollution alors que la norme exigeait une norme de 300mg de Nox par m3, tous les opérateurs sont descendus à 200 donc bien en dessous des normes.
Ensuite on parle de l'approvisionnement en bois, etc., effectivement l'ADEME exige que l'approvisionnement se fasse à partir de forêts qui sont situées à des distances réduites et, pour votre information, en été, y aura 1 camion qui viendra pour l'eau chaude sanitaire, en hiver, il y a 7 camions qui viendront par jour, à côté de ça on est à côté du périphérique où il y a 100000 véhicules par jour qui circulent tous les jours.
Ensuite vous monsieur Le texier vous dites est-ce qu'on peut pas prendre de l'énergie solaire, etc. comme ça a été fait à Vidailhan, en complément, on met de l'énergie solaire là-dedans, mais c'est tout à fair marginal, on met des panneaux solaires sur l'ensemble du terrain, mais je vous signale que cette chaufferie biomasse, cette installation doit délivrer 60GWh par an, et la centrale photovoltaique, la ferme photovoltaique de l'oncopole qui fait 19ha est limitée à 20GWh/ an. Donc vous voyez bien que les surfaces disponibles sont sans aucune commune mesure pour répondre à ce besoin d'énergie à partir du solaire.
Effectivement nous allons donner toute les informations nécessaires, le mieux serait qu'on connaisse le lauréat de cette mise en concurrence parce que, lui même pourrait donner beaucoup plus et de meilleures explications que nous puisque ce dossier il n'est pas encore finalement décidé par ailleurs, pour l'information de la population, nous comptons aussi sur vous pour dire que c'est un très bon projet qu'il faut effectivement essayer de le mener à son terme."
"Je signale qu'il y a toute une série de chaufferies biomasses qui existent dans notre commune et notre agglomération. Il y a la chaufferie biomasse de Rangueil qui chauffe toute l'université de Rangueil sans aucun problème depuis 7 8 années, il y a une chaufferie qui est encore plus ancienne au CHU de Purpan qui chauffe tout l'ensemble immobilier de Purpan sans aucun problème. Il y a une chaufferie qui a été décidée récemment à la ZAC de Jolimont qui n'a soulevé aucun problème, la ZAC du CEAT, il y a une chaufferie à Blagnac... Donc la chaufferie biomasse c'est quelque chose qui est recherché, qui est fait."
Une démonstration par la force de l'usage qui mérite d'être complétée. En effet, qu'y a-t-il de commun aux chaufferies biomasse de Rangueil qui chauffe Rangueil, de Purpan qui chauffe Purpan, de Blagnac qui chauffe Blagnac et de la ZAC du CEAT qui chauffera le CEAT ? On a fait un dessin pour vous aider à bien visualiser.
Rappelons au passage que :
*chiffres récupérées sur les documents promotionnels des différentes installations. Si vous avez d'autres infos, merci de nous les transmettre.
Pour résumer, on peut observer que :
Bilan : nous pouvons donner raison à M Trautmann sur le fait que les chaufferies à biomasse, ça se fait oui mais ça ne se fait pas n'importe comment !
Les élus de Toulouse vont-ils parfois sur le terrain ou se contentent-ils de l'observer depuis Google Map ? Cela expliquerait pourquoi ils avaient pris les alentours du skatepark Ernest Renan pour une zone industrielle, les toîts des supermarchés et du centre d'art BBB pouvant prêter à confusion en effet. Aujourd'hui encore pour le secteur d'Atlanta, la vue du ciel projetée lors du conseil provient de Google Map. Datée du mois de janvier, elle ne fait pas apparaître la caserne de pompier construite entre temps. Ne sont pas non plus signalés le permis de construire accordés par la ville de Toulouse pour une résidence de 158 logements et son propre projet de Techno-centre... ni le fait que le reste de la zone reste à densifier...
Par ailleurs, le visuel délimite un périmètre de 200m autour du projet sans justifier à quoi correspond ce périmètre et laissant penser que les nuisances s'arrêteraient là. On vous renvoie aux diverses analyses de dispersion athmosphérique des polluants (incinérateur du mirail, de ginestou ou pollution au plomb de STCM) pour vérifier par vous-même le périmètre réel des retombées.
Conseil pour les aménageurs de territoire googlo-assistés : en basculant sur Google Street Map, vous avez une chance d'accéder à des prises de vue plus récentes. En outre ce service vous permet de remonter dans le temps ce qui est très pratique pour observer la pousse des arbres et constater objectivement qu'on n'est pas prés de voir trois arbrisseaux remplacer un bel arbre.
Ensuite vous monsieur Le texier vous dites est-ce qu'on peut pas prendre de l'énergie solaire, etc. comme ça a été fait à Vidalhian, en complément, on met de l'énergie solaire là-dedans, mais c'est tout à fair marginal, on met des panneaux solaires sur l'ensemble du terrain, mais je vous signale que cette chaufferie biomasse, cette installation doit délivrer 60GWh par an, et la centrale photovoltaique, la ferme photovoltaique de l'oncopole qui fait 19ha est limitée à 20GWh/ an. Donc vous voyez bien que les surfaces disponibles sont sans aucune commune mesure pour répondre à ce besoin d'énergie à partir du solaire.
Quand M Le Texier pose la question de l'existence de solutions alternatives, il cite à titre d'exemple les capteurs solaires de la chaufferie de Vidailhan... parfait, M Trautmann répondra donc exclusivement sur la question du solaire ! Il fallait oser...
On s'étonne de ne pas entendre un mot sur la géothermie dont M Trautmann semble être un fervent partisan. D'autant que si l'on en croit la note de cadrage sur la géothermie superficielle que vous pouvez retrouver dans les études préalables de l'appel d'offre, les avantages de cette solution semblent nombreux et le seul obstacle serait d'ordre économique... le choix de la biomasse serait donc un choix à l'économie, sans réelle ambition écologique contrairement à ce qui est annoncé ?
Et pour finir de rassurer les riverains, M Trautmann annonce que cette installation doit fournir 60GWH par an... 60GWH, c'est quasiment le double de ce qui était annoncé au départ (besoins identifiés pour un périmètre élargi : 35.7GWh), qui était déjà le double de ce qui serait strictement nécessaire pour la ZAC Matabiau Quai D'Oc (besoins identifiés pour un périmètre restreint : 17,9GWh). Un peu plus tôt dans son intervention, il évoque 7 camions par jour en hiver contre les 3 annoncés initialement... deux erreurs cohérentes d'affilées ? Le projet aurait-t-il été revu à la hausse ?
Bien pour le moment, je crois aussi qu'il faut avancer parce qu'il y a aujourd'hui une culture de la peur dès qu'un projet est annoncé, ce n'est pas propre à Toulouse hein, c'est un réflexe général, le rôle des élus c'est d'informer, de concerter, d'ouvrir le dialogue, de faire de la pédagogie, mais à un moment d'avancer. D'ailleurs si on n'avance pas sur une réalisation de transition écologique et énergétique, vous serez ensuite les premiers à nous le reprocher. Donc j'entends aujourd'hui que vous voulez freiner. J'espère que cette attitude n'est que provisoire et mue par les bonnes raisons que vous avez évoqué.
La culture de la peur ? On va feindre d'ignorer que ça pourrait être une vilaine tentative de décrédibiliser la mobilisation des habitants. La "culture de la peur" c'est l'arme stratégique utilisée par les politiques pour renforcer les dispositifs sécuritaires, ce n'est pas l'arme des mobilisations citoyennes. La contestation du projet de chaufferie biomasse de la ZAC Matabiau ne repose pas sur des peurs irrationnelles. Elle pose des questions légitimes. C'est l'absence de réponses cohérentes qui commence à faire peur.
Définition (Wikipedia) "La peur est une émotion ressentie en présence ou dans la perspective d'un danger ou d'une menace. Elle est un instinct de conservation provoqué par l'analyse du danger et elle permet au sujet de le fuir ou le combattre. Elle est également connue sous les termes de réponse combat-fuite [...]"
Peur des effets du changement climatique et de son accélération, peur de la pollution de l'air et de l'eau, peur de l'épuisement des ressources... Il y a malheureusement des peurs bien-fondées que les responsables politiques devraient partager avec leurs concitoyens au lieu de les amplifier :
Bref pour résumer, on a d'un côte des responsables politiques fiers de leur projets d'infrastructures censées aider à lutter contre le réchauffement climatique (avec des effets positifs à très long terme si tout se passe bien), de l'autre des habitants qui désespèrent de voir que les politiques publiques dégradent leur environnement au lieu de le préparer pour affronter au mieux les effets du réchauffement climatique qui se font déjà ressentir.
Un dernier exemple pour bien comprendre la différence entre ce qui fait peur et ce qui rassure : expliquer aux gens, comme le fait M Trautmann, qu'ils peuvent bien supporter quelques nuisances supplémentaires vu qu'ils vivent dans une zone déjà polluée par le passage quotidien de 100000 véhicules sur la rocade, ça n'est pas rassurant. Au contraire. Priver les habitants de tout espoir d'amélioration et s'étonner ensuite qu'ils aient peur, c'est pour le moins contradictoire... Non, ce qui serait rassurant, ce serait de voir que partant de ce constat, les responsables politiques s'appliquent à chercher des solutions pour améliorer la situation ? Parce que, apparemment, comme les chaufferies biomasse, ça se fait ça aussi : Quel avenir pour les rocades en France ? (8mn)
Pour revenir au projet de chaufferie pour la ZAC Matabiau, la question que dervait se poser les élus, c'est pourquoi est-il ressenti comme une menace ? Sans doute parce qu'il est incohérent de bout en bout ?
Vivement la concertation !!
Le collectif de riverains à l'origine de ce site rassemble des associations et habitants des quartiers 3.1 et 3.3 soutenus par le comité de quartier Minimes - Barrière de Paris, le tout nouveau comité de quartier Borderouge - Izards / 3 cocus et le comité de quartier Agir pour Croix Daurade.