Première réunion du comité de suivi de la chaufferie de la ZAC Matabiau
Le rôle du comité est de partager les informations liées au réseau de chaleur et de froid urbain et de suivre le bon fonctionnement de l’installation, les pratiques d’achat de bois et la performance énergétique et environnementale. La première réunion s'est déroulée le 5 mars 2024 et a rassemblé une quarantaine de personnes dont 5 représentants des bureaux de quartiers. Jean-Marc Iris, représentant du comité de quartier Toulouse7NotreQuartier pour le quartier de La Roseraie, a produit le compte rendu que vous pouvez télécharger ci-dessous ainsi que le complément d'analyse, à lire en suivant, qui interroge la pertinence d'investir dans une chaufferie biomasse en source d'appoint.
Analyses complémentaires
Des informations plus précises sur la production de chaleur ont été fournies lors du comité de suivi du 5 mars 2024, complétées par la communication exhaustive des engagements environnementaux du délégataire dans le scénario de base (Géothermie + biomasse + gaz).
Ces informations confortent nos analyses*, à savoir :
- Les valeurs limites d’émission PM10 et NOx de la chaufferie biomasse sont bien respectivement de 20 mg/m3 et 300 mg/m3
- Les valeurs de rejets PM10 que nous avons calculées sont conformes aux estimations du délégataire.
*Retrouvez l'analyse des rejets atmosphériques de la chaufferie biomasse publiée le 3 avril 2023 qui conclut "selon nos calculs, les émissions de la chaufferie biomasse correspondent aux rejets provoqués par l’entrée quotidienne de 5 à 1 millions de véhicules diesel conformes à la norme Euro5."
Le document (chapitre 8.1 – engagements environnementaux) récemment communiqué par le délégataire avec son contenu non masqué expose la répartition de la production de chaleur au long de l’année entre les 3 sources d’énergie disponibles :
De ce schéma, on peut déduire que l’énergie bois sera utilisée comme source de chaleur d’appoint dans le réseau.
La production de la chaufferie biomasse sera faible (environ 13 GWh/an), avec un maximum en janvier (80% de la production maximale), trois mois intermédiaire (30%-50%) et trois mois très faible (<10%) :
La chaufferie biomasse sera donc utilisée comme source de chaleur d’appoint 11 mois sur 12.
Plusieurs études montrent que les modalités de conduite des chaufferies biomasse conditionnent significativement leurs émissions polluantes. Les facteurs de pollution sont connus :
- Le fonctionnement à bas régime des installations surdimensionnées augmente les rejets polluants et dégrade leurs équipements
- Les cycles courts de fonctionnement, et particulièrement les phases d’arrêt augmentent la production de particules ultrafines dont les impacts sanitaires sont les plus problématiques
Parallèlement, la géothermie ne sera exploitée à son potentiel (environ 6 GW/mois) qu’en janvier alors qu’elle peut couvrir une part importante des besoins des mois d’hiver et la totalité des autres mois de l’année.
Au total, la géothermie couvre entre 80% et 85% du besoin de chaleur 3 mois sur 12, 100% du besoin 8 mois et 55% du besoin au mois de janvier.
Dans ce contexte, au-delà de ses impacts sanitaires et environnementaux se pose la question de l’intérêt économique de la chaufferie biomasse.
Une solution doit être trouvée pour produire le complément de chaleur les mois d’hiver où le besoin dépasse le potentiel géothermique :
- La centrale gaz de 17 MW prévue dans le projet couvre largement ces besoins sans entamer sa capacité de solution de repli. Le gain induit par l’abandon de la chaufferie biomasse pourra facilement compenser le cout du verdissement de l’alimentation en gaz vert local, maintenant le niveau de décarbonation du projet. Les bénéfices sanitaires et environnementaux seront réels : 0 PM10.
- Une autre solution consisterait à valoriser le potentiel géothermique non utilisé (25 GWh) 7 mois par an avec, comme contrepartie, la fourniture des 9,5 GWh manquant au réseau de chaleur 4 mois de l’année.
- L’obligation d’isolation des bâtiments avec un gain d’énergie de 30% à 40% en contrepartie d’un raccordement à faible coût peut aussi être une piste réduisant le besoin de chaleur.
Compte tenu des nouveaux éléments communiqués sur le potentiel géothermique du site, ne serait-il pas temps d'envisager l’abandon de la mise en place de la chaufferie biomasse ?